lhumour Le drame qui s'est abattu sur Charlie Hebdo n'a pas eu pour effet de dĂ©partir les membres survivants de la rĂ©daction de leur sens de l'humour, bien au contraire ! C'est la nature humaine qui reprend ses droits, tout simplement. C'est remboursĂ© par la sĂ©cu ? PubliĂ© le 14 Janvier 2015 . Ne pas rire tue : pourquoi la santĂ© publique DĂ©couvrezles avis et commentaires clients du produit Plaque mĂ©tal la maison ne fait pas crĂ©dit. DĂ©couvrez les avis et commentaires clients du produit Plaque mĂ©tal la maison ne fait pas crĂ©dit. Menu. Chercher . Rechercher close searchRechercher close. Panier 0. Mon compte. Se connecter / S'inscrire Accueil. PLAQUES METAL keyboard_arrow_right. keyboard_arrow_left LAMODE, ÇA FAIT DE L'EFFET Histoire drĂŽle. Dans un train, le contrĂŽleur regarde le billet d'une dame puis constate: - Madame, votre billet n'est pas valable dans les trains Ă  grande vitesse. Vous allez devoir payer une amende. - Oh, mais non, dites simplement au conducteur de ralentir, je ne suis pas pressĂ©e! Une jeune esthĂ©ticienne DĂ©couvrezcette plaque en mĂ©tal qui annonce avec humour "La Maison ne fait pas crĂ©dit sauf aux personnes ĂągĂ©es de plus de 95 ans accompagnĂ©es de leurs parents. La Direction." Une plaque de 30 cm par 20 cm au style vintage avec un message humoristique assez singulier. LaMaison Ne Fait Pas CrĂ©dit - Sauf : Plaque dĂ©corative rĂ©tro en mĂ©tal reprĂ©sentant une citation humoristique. IdĂ©al pour crĂ©er une ambiance vintage dans votre intĂ©rieur ou pour la dĂ©coration d'un bar, restaurant, brasserie ou cafĂ©. Voir cette Épingle et d'autres images dans Plaques vintages & objets dĂ©co par La Plaque Publicitaire. Dịch VỄ Hỗ Trợ Vay Tiền Nhanh 1s. Fauves Editions Date de publication 2018-04-23 TĂ©lĂ©chargement DRM Adobe 🛈 , DRM LCP 🛈 Lecture en ligne streaming TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Ce livre est protĂ©gĂ© contre la rediffusion Ă  la demande de l'Ă©diteur DRM. La solution LCP apporte un accĂšs simplifiĂ© au livre une clĂ© d'activation associĂ©e Ă  votre compte client permet d'ouvrir immĂ©diatement votre livre numĂ©rique. Les livres numĂ©riques distribuĂ©s avec la solution LCP peuvent ĂȘtre lus sur Le logiciel Thorium Reader pour PC/Mac/Linux Les applications compatibles LCP Lis-a pour iOS et Android, Lea Reader pour Android , Aldiko Next pour IOS et Android La liseuse Bookeen DIVA et Vivlio Ce livre est protĂ©gĂ© contre la rediffusion Ă  la demande de l'Ă©diteur DRM. La solution Adobe consiste Ă  associer un fichier Ă  un identifiant personnel Adobe ID. Une fois votre appareil de lecture activĂ© avec cet identifiant, vous pouvez ouvrir le livre avec une application compatible. Les livres numĂ©riques distribuĂ©s avec la solution Adobe peuvent ĂȘtre lus sur Le logiciel Adobe Digital Editions pour PC/Mac Les applications Adobe Digital Editions pour iOS et Android et PocketBook pour iOS et Android Les liseuses Bookeen, Kobo, Vivlio, Sony, PocketBook Description du livre Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme d'origine Portugaise qui, par le plus grand des hasards, a embrassĂ© la carriĂšre de banquier. Il pose un regard acĂ©rĂ© sur le monde de la finance et nous fait pĂ©nĂ©trer les arcanes d'un mĂ©tier souvent mĂ©connu, qui s'est profondĂ©ment transformĂ©, avec ses dĂ©rives, au cours de ce dernier quart de siĂšcle. Avec humour et causticitĂ©, ce rĂ©cit romancĂ© vous fera voyager des steppes de l'Asie aux pays de l'ex-Europe de l'est, puis en Croatie et en AlgĂ©rie, oĂč l'auteur a dirigĂ© deux banques. À propos CaractĂ©ristiques dĂ©taillĂ©es - droits Nombre pages copiables illimitĂ© Nombre pages imprimables illimitĂ© Taille du fichier 6151 Ko Nombre pages copiables illimitĂ© Nombre pages imprimables illimitĂ© Taille du fichier 6151 Ko Suggestions personnalisĂ©es La maison ne fait pas crĂ©dit - Grand Format Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme d'origine Portugaise qui, par le plus grand des hasards, a embrassĂ© la carriĂšre de banquier. Il pose un... Lire la suite 18,00 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 13,99 € TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 13,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 18,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 31 aoĂ»t et le 5 septembre Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme d'origine Portugaise qui, par le plus grand des hasards, a embrassĂ© la carriĂšre de banquier. Il pose un regard acĂ©rĂ© sur le monde de la finance et nous fait pĂ©nĂ©trer les arcanes d'un mĂ©tier souvent mĂ©connu, qui s'est profondĂ©ment transformĂ©, avec ses dĂ©rives, au cours de ce dernier quart de siĂšcle. Avec avec humour et causticitĂ©, ce rĂ©cit romancĂ© vous fera voyager des steppes de l'Asie aux pays de l'ex-Europe de l'est, puis en Croatie et en AlgĂ©rie, oĂč l'auteur a dirigĂ© deux banques. Date de parution 17/04/2018 Editeur ISBN 979-10-302-0097-3 EAN 9791030200973 Format Grand Format PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 238 pages Poids Kg Dimensions 13,5 cm × 21,5 cm × 1,8 cm Biographie de Pierre Boursot Pierre Boursot a exercĂ© diffĂ©rentes responsabilitĂ©s au sein d'un grand Ă©tablissement bancaire. Avec La maison ne fait pas crĂ©dit, il signe son premier livre. Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme d'origine Portugaise qui, par leplus grand des hasards, a embrassĂ© la carriĂšre de banquier. Il pose un regardacĂ©rĂ© sur le monde de la finance et nous fait pĂ©nĂ©trer les arcanes d'un mĂ©tiersouvent mĂ©connu, qui s'est profondĂ©ment transformĂ©, avec ses dĂ©rives, au coursde ce dernier quart de siĂšcle. Avec humour et causticitĂ©, ce rĂ©cit romancĂ©vous fera voyager des steppes de l'Asie aux pays de l'ex-Europe de l'est, puisen Croatie et en AlgĂ©rie, oĂč l'auteur a dirigĂ© deux banques. ï»żDans ce cas, merci de m'en faire la demande pour rectification de la facture. Passage en France de 1 Ă  2 fois par mois l'envoi sera donc plus lent! PAS DE CHEQUE SVP! DĂ©solĂ© d'insister, mais j'en reçois encore et ne sais pas les encaisser vu les frais bancaires rĂ©clamĂ©s! La date d'envoi des lots est toujours indiquĂ©e dans mon Ă©valuation. En aucun cas, je ne peux ĂȘtre tenu responsable d'un manquement quelconque d'un service postal retard, perte, vol ou dĂ©gradation. Il n'y a pas encore de question. Aucune offre pour le moment. Rejoignez la communautĂ© des collectionneurs! 07/2021 Tous les articles Agrandir l'image RĂ©fĂ©rence A004 État Neuf Vous souhaitez apporter un peu d'humour dans votre intĂ©rieur? Pensez Ă  cette plaque humoristique ''La Maison ne fait pas crĂ©dit... '' Plus d'informations en bas de page... Plus de dĂ©tails En stock Envoyer Ă  un ami Imprimer En savoir plus DĂ©couvrez cette plaque en mĂ©tal qui annonce avec humour "La Maison ne fait pas crĂ©dit sauf aux personnes ĂągĂ©es de plus de 95 ans accompagnĂ©es de leurs parents. La Direction. " Une plaque de 30 cm par 20 cm au style vintage avec un message humoristique assez singulier. Un article mural Ă  l'aspect vieilli et patinĂ© qui reprend la forme des plaques de rue d'antan. Un objet Ă  placer dans une boutique pour amuser la clientĂšle ou Ă  poser chez soi pour faire sourire ses convives. 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 Deco retro, Boutique de dĂ©coration, Plaques dĂ©coratives Un sandwich toastĂ©, beurrĂ© juste d’un cĂŽtĂ©, avec une tranche Singles de Kraft et du miel McCaig ; deux pruneaux, la moitiĂ© d’une banane, un morceau de cheddar vieilli, un morceau de camembert et une grosse cuillerĂ©e de compote de pommes. J’assiste au montage de l’assiette de grand-maman, dont le dĂ©jeuner est exactement le mĂȘme depuis des temps immĂ©moriaux. TrĂšs important il faut couper le sandwich en six morceaux », prĂ©cise mon oncle GĂ©rald, sourire en coin. La routine est bien huilĂ©e, il a tout prĂ©vu avant de partir travailler — verre d’eau, mĂ©dicaments, vitamines, mouchoirs de papier. Pendant ce temps, Charlotte, mon aĂŻeule de 96 ans, attend son festin dans la chaise berçante de la cuisine, encore dans la brume aprĂšs un lever laborieux. Elle a mis une demi-heure Ă  enfiler son pantalon et l’une de ses Ă©ternelles blouses fleuries — je l’entendais bardasser Ă  l’étage, souffrante mais dĂ©terminĂ©e Ă  s’habiller seule. Mes os me disent d’arrĂȘter de les achaler, ils trouvent qu’ils ont assez donnĂ© », ironise la presque centenaire, dĂ©chirant de ses mains constellĂ©es de taches brunes l’enveloppe d’un timbre de nitroglycĂ©rine. Grand-maman a le cƓur usĂ© et l’arthrose ne lui fait pas de cadeaux elle s’est voĂ»tĂ©e et ses brefs dĂ©placements en marchette sont de plus en plus hasardeux. Elle se compare tout le temps Ă  une vieille guenille ». Une vieille guenille alerte, tout de mĂȘme ― elle dĂ©vore deux romans par semaine, rĂ©sout chaque matin la grille de mots croisĂ©s du Devoir et rĂ©pĂšte au piano les quatre chansons qu’elle a Ă©crites sur la mort au grĂ© des saisons. Ah, et elle bat encore tout le monde au Scrabble. Madame est enfin servie. HĂ©las, son cafĂ© n’est pas assez chaud. Quoi, tu critiques le service ? » lui dis-je. Mon oncle se hĂąte de rĂ©gler la situation. Charlotte fronce les sourcils C’est une observation, pas un reproche ! Je serais bien ingrate autrement. » On a beau la surnommer affectueusement Lady Catherine de Bourgh » — du nom d’une veuve autoritaire dans le roman Orgueil et prĂ©jugĂ©s, de Jane Austen —, ma grand-mĂšre se sait privilĂ©giĂ©e de finir ses jours Ă  la maison. C’est ce dont rĂȘvent la vaste majoritĂ© des QuĂ©bĂ©cois, rĂ©vĂšlent les sondages. Si je prie tout le temps, ce n’est pas pour recevoir la visite du pĂšre NoĂ«l ! Je remercie la vie de vous avoir si proche et de rester dans un endroit que j’aime passionnĂ©ment », dit-elle, balayant du regard le lac des Deux Montagnes, Ă  Rigaud, oĂč mes arriĂšre-grands-parents s’étaient Ă©tablis il y a un siĂšcle. Sans son fils GĂ©rald qui habite avec elle, et ses cinq autres enfants qui vivent tout prĂšs, il y a longtemps que grand-maman aurait dĂ» dire adieu Ă  sa charmante maison meublĂ©e d’antiquitĂ©s lui rappelant son enfance, sa famille, ses amours. Comme 41 % des 85 ans et plus, elle habiterait dans un milieu d’hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es en perte d’autonomie — rĂ©sidence privĂ©e pour aĂźnĂ©s RPA, ressource intermĂ©diaire et de type familial RI-RTF ou centre d’hĂ©bergement et de soins de longue durĂ©e CHSLD, selon l’état de dĂ©gradation physique et cognitive de la personne. Les autres demeurent soit dans leur logement, soit chez un proche, ou dans des coopĂ©ratives d’habitation pour aĂźnĂ©s. Pour certaines personnes ĂągĂ©es, quitter leur chez-eux est un choix mĂ»ri, et la vie en rĂ©sidence privĂ©e ou en Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© rĂ©pond bien Ă  leurs besoins. Pour d’autres, c’est une dĂ©cision dĂ©chirante, imposĂ©e par le manque criant de ressources publiques en maintien Ă  certaines personnes ĂągĂ©es, la transition est sereine. Quitter leur chez-eux est un choix mĂ»ri, et la vie en rĂ©sidence privĂ©e ou en Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© rĂ©pond bien Ă  leurs besoins, comme en tĂ©moignent les quelque 250 entrevues menĂ©es par MichĂšle Charpentier, titulaire de la Chaire de recherche sur le vieillissement et la diversitĂ© citoyenne de l’UQAM, Ă  propos des modes d’habitat et de la qualitĂ© de vie des aĂźnĂ©s. Pour d’autres, c’est une dĂ©cision dĂ©chirante, imposĂ©e par le manque criant de ressources publiques en maintien Ă  domicile, dĂ©noncent de nombreux experts et regroupements d’aĂźnĂ©s. Car, quand on n’a pas les moyens de se payer des soins privĂ©s et que la famille n’est pas en mesure de jouer les prĂ©posĂ©s aux bĂ©nĂ©ficiaires comme le fait la mienne, se dĂ©raciner de sa cabane, de son quartier et de son voisinage est la seule option possible. Une flopĂ©e d’enquĂȘtes ont pourtant dĂ©montrĂ© la nĂ©cessitĂ© du soutien Ă  la maison. Notamment le rapport de la Commission d’étude sur les services de santĂ© et les services sociaux, en 2001, et celui de la Commission sur l’avenir des soins de santĂ© au Canada, en 2002. L’ancien premier ministre de la Saskatchewan Roy Romanow, qui en avait prĂ©sidĂ© les travaux, concluait que c’était le prochain service essentiel ». Depuis, les partis au pouvoir au QuĂ©bec ont Ă©tĂ© nombreux Ă  faire des soins Ă  domicile une priorité  sur papier. Des politiques et des plans d’action ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s, et un projet de loi a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale, en 2013, par le ministre de la SantĂ© d’alors, RĂ©jean HĂ©bert. Mais chaque fois, le virage tant attendu par les personnes ĂągĂ©es et les proches aidants a fait patate. C’était toutefois avant la pandĂ©mie. S’il faut qu’on organise des manifestations, on va le faire. Apportez vos marchettes ! » prĂ©vient IrĂšne DĂ©silets, 78 ans. L’an dernier, elle a fondĂ©, avec son amie Pauline Gervais, 69 ans, le mouvement militant Vieillir chez moi, c’est gagnant ! Ce n’est pas vrai qu’on va rester les bras croisĂ©s chez nous. On ne profitera probablement pas des changements pour lesquels on milite, mais on le fait pour les gens de votre gĂ©nĂ©ration. » Comme tout le monde, les deux Estriennes ont assistĂ© avec horreur Ă  la tragĂ©die dans les milieux d’hĂ©bergement pour aĂźnĂ©s, oĂč le virus a tuĂ© Ă  ce jour prĂšs de 8 200 personnes — soit 73 % du nombre total de morts de la COVID au QuĂ©bec. Convaincues que l’hĂ©catombe aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ©e si les vieux avaient Ă©tĂ© moins nombreux Ă  vivre dans des logements collectifs, elles ont lancĂ© une pĂ©tition, dĂ©posĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e nationale, demandant au gouvernement de changer l’organisation et le financement des soins pour rĂ©pondre au dĂ©sir des aĂźnĂ©s de rester chez eux. Plus de 3 000 personnes l’ont signĂ©e. On a aussi reçu des milliers de commentaires de gens qui nous disaient Ă  quel point ils voulaient conserver le contrĂŽle de leur vie jusqu’au bout, ajoute IrĂšne DĂ©silets. On leur a promis de porter leurs revendications jusqu’au premier ministre. » *** Le traumatisme de la crise sanitaire est palpable dans les rĂ©sultats de rĂ©cents sondages. PrĂšs de 72 % des Ontariens et des QuĂ©bĂ©cois ayant rĂ©pondu l’an dernier Ă  une enquĂȘte menĂ©e par un collectif de chercheurs, notamment de l’UQAM et de HEC MontrĂ©al, ont une perception plus nĂ©gative qu’autrefois des CHSLD. Et 27 % ont l’intention d’épargner davantage pour leurs vieux jours, surtout pour Ă©viter d’aboutir dans ces Ă©tablissements. Aussi, 40 % se disent maintenant plus favorables Ă  une politique qui amĂ©liorerait l’accĂšs aux soins Ă  domicile. Un coup de sonde commandĂ© cet hiver par l’Association des retraitĂ©es et retraitĂ©s de l’éducation et des autres services publics du QuĂ©bec va dans le mĂȘme sens 15 % des membres interrogĂ©s qui envisageaient de dĂ©mĂ©nager dans une RPA ont changĂ© leur fusil d’épaule depuis la pandĂ©mie et veulent dĂ©sormais rester chez eux. Ils risquent nĂ©anmoins de dĂ©chanter. Les QuĂ©bĂ©cois sont parmi les moins bien servis au monde en matiĂšre de soutien Ă  domicile, affirment plusieurs chercheurs — et le reste du Canada ne brille pas davantage. Le Nouveau-Brunswick et le Manitoba font un peu mieux que les autres, mais quand on compare leur offre de services Ă  celle des autres pays industrialisĂ©s, ça reste faible », soutient Patrik Marier, spĂ©cialiste des effets du vieillissement de la population sur les politiques publiques Ă  l’UniversitĂ© Concordia. Ainsi, tandis que les pays de l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques OCDE consacrent au moins la moitiĂ© de leur budget de soins de longue durĂ©e Ă  des mesures permettant de vieillir dans son logis, au QuĂ©bec, cette proportion Ă©tait de 23,5 % pour l’annĂ©e 2019-2020, selon une analyse de RĂ©jean HĂ©bert, ancien ministre de la SantĂ© dans le gouvernement pĂ©quiste de Pauline Marois, et professeur au DĂ©partement de gestion, d’évaluation et de politique de santĂ© de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Ce sont les CHSLD et les ressources intermĂ©diaires pour aĂźnĂ©s qui bouffent la majeure partie de l’argent allouĂ© par le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux MSSS aux soins de longue durĂ©e au QuĂ©bec. C’est comme si on n’avait pas prĂ©vu qu’un jour, les baby-boomers vieilliraient et qu’ils auraient besoin de soins adaptĂ©s Ă  des problĂšmes mĂ©dicaux chroniques. »Nicole Dubuc, vice-doyenne de la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© de l’UniversitĂ© de Sherbrooke Le MSSS, lui, soutient qu’en 2021-2022, c’est 1,87 milliard, soit 34,2 % de l’enveloppe, qui sera consacrĂ© au soutien Ă  domicile. Et 3,6 milliards iront Ă  l’hĂ©bergement de longue durĂ©e. Ces sommes sont artificiellement gonflĂ©es », affirme RĂ©jean HĂ©bert, puisque le MSSS inclut dans les services Ă  la maison les dĂ©penses pour les hĂŽpitaux de jour gĂ©riatriques, les centres de jour pour personnes en perte d’autonomie, les services ambulatoires psychogĂ©riatriques
 Bref, des soins externes offerts tant aux personnes en CHSLD qu’à celles qui vivent Ă  la maison. Dans mes calculs, je me limite aux soins et services directement liĂ©s au maintien Ă  domicile, comme le font les autres pays de l’OCDE », prĂ©cise le Dr HĂ©bert. Il faut dire qu’au Canada, recevoir du soutien Ă  domicile n’est pas un droit. Si on se casse une jambe ou si on a le cancer, la prise en charge est financĂ©e par l’État, le traitement Ă©tant considĂ©rĂ© comme mĂ©dicalement requis ». C’est enchĂąssĂ© dans la Loi canadienne sur la santĂ©, de 1984. Les soins de longue durĂ©e, dont fait partie le soutien Ă  domicile aux aĂźnĂ©s, sont considĂ©rĂ©s pour leur part comme des services sociaux ». Quand cette lĂ©gislation a Ă©tĂ© mise en place, la population Ă©tait jeune, et les personnes ĂągĂ©es se rendaient en voiture dans ce qu’on appelait alors des “centres d’accueil” », souligne Nicole Dubuc, vice-doyenne de la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. C’est comme si on n’avait pas prĂ©vu qu’un jour, les baby-boomers vieilliraient et qu’ils auraient besoin de soins adaptĂ©s Ă  des problĂšmes mĂ©dicaux chroniques », fait remarquer la professeure, reconnue dans le monde pour son expertise en organisation des services aux personnes ĂągĂ©es. Comme il s’agit de services sociaux, les soins de longue durĂ©e ne font pas l’objet de transferts formels du fĂ©dĂ©ral en santĂ©. C’est aux provinces de dĂ©terminer si elles financent ce secteur, et de quelle maniĂšre. Le QuĂ©bec a choisi de rembourser les soins des professionnels, comme les infirmiĂšres et les mĂ©decins, et certains services offerts par le personnel des CLSC — donner des bains, par exemple. Mais il y a des critĂšres d’accĂšs et de longues listes d’attente. Je souhaite que le scandale des dĂ©cĂšs en CHSLD mĂšne Ă  des Ă©tats gĂ©nĂ©raux sur les besoins des aĂźnĂ©s », soutient RenĂ©e Lamontagne, professeure associĂ©e Ă  l’École nationale d’administration publique. Un exercice au cours duquel ces derniers pourront enfin exprimer haut et fort ce qu’ils veulent, car pour l’instant, ils sont sans voix », ajoute cette ex-sous-ministre adjointe au MSSS qui a pilotĂ© Chez soi le premier choix, la politique de soutien Ă  domicile la plus Ă©toffĂ©e jamais parue au QuĂ©bec. Cette politique avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e en 2003, avec l’appui enthousiaste de François Legault, alors ministre de la SantĂ© dans le cabinet pĂ©quiste de Bernard Landry. Je l’ai relue pour me prĂ©parer Ă  notre entrevue, et ça m’a un peu dĂ©couragĂ©e », admet l’élĂ©gante brune Ă  la monture de lunettes colorĂ©e. Un plan costaud » avait Ă©tĂ© Ă©laborĂ©, avec des actions prĂ©cises » s’étalant de 2005 Ă  2010. Tout Ă©tait lĂ , mais rien, ou Ă  peu prĂšs, n’a Ă©tĂ© mis en place », dit-elle. D’oĂč l’importance de profiter de la sensibilitĂ© exacerbĂ©e de la population au sujet des conditions de vie des aĂźnĂ©s pour ressortir des classeurs des programmes comme le sien, estime la spĂ©cialiste. On ne part pas de zĂ©ro sur le plan de la rĂ©flexion. Ça prend surtout un leader crĂ©dible et courageux au bureau du premier ministre pour porter ce grand projet de sociĂ©tĂ©. » Ce n’est pas le Dr RĂ©jean HĂ©bert qui la contredira. Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, l’ancien ministre de la SantĂ© multiplie les interventions mĂ©diatiques dans l’espoir que QuĂ©bec opĂšre enfin le virage vers les soins Ă  la maison dont il rĂȘve depuis les annĂ©es 1980. Pour lui, cette rĂ©volution aurait des rĂ©percussions aussi fondamentales que la mise sur pied du rĂ©seau des centres de la petite enfance CPE, Ă  la fin des annĂ©es 1990 — d’abord pour la qualitĂ© de vie des aĂźnĂ©s, puis pour celle du 1,49 million de personnes qui se dĂ©claraient proches aidantes au QuĂ©bec en 2018. Des femmes salariĂ©es, surtout, dont la santĂ© mentale et les finances sont souvent mises Ă  mal en raison de cette lourde responsabilitĂ©. Un aidant naturel sur sept dit vivre des problĂšmes d’argent, et le mĂȘme nombre dĂ©clare avoir rĂ©duit ses heures de travail pour soutenir un parent. Les soins Ă  domicile les libĂ©reraient en partie de cette obligation. Je continuerai de militer pour ça mĂȘme au fond d’un lit de CHSLD », dit avec humour le Dr HĂ©bert, ĂągĂ© de 65 ans. Le gĂ©riatre Ă©tait presque parvenu Ă  ses fins il y a huit ans, quand son projet de loi, baptisĂ© assurance autonomie », a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Il devait ĂȘtre mis en Ɠuvre en avril 2015. Mais le gouvernement pĂ©quiste a perdu les Ă©lections de 2014, et le libĂ©ral GaĂ©tan Barrette, qui lui a succĂ©dĂ© Ă  la tĂȘte du MSSS, a jetĂ© sa proposition Ă  la poubelle. Il est temps de revenir Ă  la charge, estime RĂ©jean HĂ©bert, car dans 10 ans, le quart de la population aura plus de 65 ans. Selon les prĂ©visions d’un groupe de chercheurs, le nombre de QuĂ©bĂ©cois bĂ©nĂ©ficiant du programme Soutien Ă  l’autonomie des personnes ĂągĂ©es qui comprend le soutien Ă  domicile et l’hĂ©bergement en CHSLD aura doublĂ© d’ici 2035, passant de 196 000 Ă  329 300 prestataires. C’est le moment de dĂ©battre de ce qu’on veut alors que nous sommes la sociĂ©tĂ© la plus vieillissante au monde, aprĂšs le Japon, soutient le Dr HĂ©bert. LĂ -bas, les personnes ĂągĂ©es sont partout — dans les rues, les commerces, les transports. Chez nous, elles sont regroupĂ©es en ghettos, dans des Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s ou des rĂ©sidences privĂ©es. Socialement, elles sont mortes. Et pour moi, c’est un drame. » *** She is number one ! » Costa Panagiotopoulos baragouine l’anglais, mais son langage non verbal est sans Ă©quivoque il adore sa Pauline, la prĂ©posĂ©e qui lui donne son bain chaque mardi depuis un an, en plus de faire briller comme un sou neuf son logement chargĂ© d’icĂŽnes orthodoxes et de photos de famille. Comme d’habitude, Pauline Beaulieu prend le temps de s’asseoir 15 minutes avec le vieillard de 94 ans, pendant que ce dernier, coquet dans sa chemise blanche repassĂ©e et son pantalon noir Ă  bretelles, entame les Ɠufs Ă  la coque qu’il a lui-mĂȘme prĂ©parĂ©s. Il trempe ses toasts dans son cafĂ© avec mĂ©thode, interrompant parfois ses gestes d’une lenteur extrĂȘme pour faire des commentaires sur la mĂ©tĂ©o. MĂȘme si on ne peut pas vraiment avoir de conversation parce qu’il ne parle que le grec, il est super content quand j’arrive », estime Pauline Beaulieu, une quinquagĂ©naire volubile et chaleureuse, pendant que son protĂ©gĂ© fait honneur Ă  son dĂ©jeuner. La prĂ©posĂ©e, qui Ɠuvre depuis 24 ans Ă  la CoopĂ©rative de soutien Ă  domicile de Laval, prend sa mission au sĂ©rieux sept fois, elle s’est inscrite au Banquier, Ă©mission diffusĂ©e sur les ondes de TVA jusqu’en 2017, dans l’espoir de remporter une cagnotte qui aurait permis Ă  son employeur de bonifier ses services aux aĂźnĂ©s. La population vieillit et on n’arrive pas Ă  rĂ©pondre Ă  la demande, observe-t-elle. En plus, le recrutement de personnel est difficile, car les salaires sont bas. » La CoopĂ©rative de Laval fait partie d’un regroupement qui joue un rĂŽle important dans le systĂšme actuel les entreprises d’économie sociale en aide Ă  domicile EÉSAD. PrĂ©sentes partout au QuĂ©bec, elles fournissent chaque annĂ©e sept millions d’heures de services Ă  100 000 personnes qui ont besoin d’aide Ă  la maison. À l’origine, ce boulot devait incomber aux CLSC puisque les soins Ă  domicile font partie de leur mandat depuis les annĂ©es 1970. Mais les coupes dans le systĂšme de santĂ© et la croissance des besoins dans les annĂ©es 1990 ont mis trop de pression sur le personnel, si bien que les EÉSAD ont pris en partie le relais pour l’aide Ă  la vie domestique cuisine, courses, transport, entretien, ainsi que pour l’aide Ă  la vie quotidienne se laver, se raser, manger, s’habiller. Les services des EÉSAD ne sont pas gratuits par exemple, il en coĂ»te 35 dollars Ă  Costa Panagiotopoulos pour recevoir une heure de soins d’hygiĂšne, et 63 dollars pour deux heures d’entretien mĂ©nager. L’État acquitte une part de la facture grĂące au Programme d’exonĂ©ration financiĂšre pour les services d’aide domestique, gĂ©rĂ© par la RAMQ — le montant du remboursement variant selon l’ñge, la situation familiale et le revenu, entre autres. Le vieil homme a aussi droit au crĂ©dit d’impĂŽt pour maintien Ă  domicile des aĂźnĂ©s. Le revenu annuel mĂ©dian des QuĂ©bĂ©cois de 65 ans et plus n’était que de 26 100 dollars en 2018 – et de 22 500 pour les ces coups de pouce financiers, de nombreux aĂźnĂ©s sont hĂ©las trop pauvres pour obtenir de l’aide chez eux, dĂ©montrent des Ă©tudes. Le revenu annuel mĂ©dian des QuĂ©bĂ©cois de 65 ans et plus n’était que de 26 100 dollars en 2018 — et de 22 500 pour les femmes —, en incluant les pensions du RĂ©gime de rentes du QuĂ©bec et de la SĂ©curitĂ© de la vieillesse d’Ottawa. C’est donc dire que la moitiĂ© de ce groupe d’ñge vit avec moins de 26 100 dollars par an. Une fois que l’épicerie, le loyer et les vĂȘtements sont payĂ©s, il ne reste pas grand-chose. Les soins Ă  domicile sont aussi compliquĂ©s Ă  obtenir. Pour comprendre Ă  quoi on a droit parmi les programmes d’aide financiĂšre de QuĂ©bec et d’Ottawa, il faut plonger dans un monde alambiquĂ© de documents Ă  fournir, de paperasse Ă  remplir et d’exaspĂ©rantes messageries vocales. C’est un parcours du combattant », affirme MichĂšle Charpentier, spĂ©cialiste en gĂ©rontologie sociale Ă  l’UQAM. Sur papier, ça a l’air merveilleux, mais essayez d’appeler pour aider votre grand-mĂšre ! Je pourrais vous en parler pendant trois jours. » Autre dĂ©dale, celui des services eux-mĂȘmes. L’aĂźnĂ© en perte d’autonomie ou son proche aidant doit d’abord contacter le CLSC de sa rĂ©gion pour une premiĂšre Ă©valuation ; si sa situation l’exige, on lui assigne un gestionnaire de cas », chargĂ© de dĂ©terminer ses besoins grĂące Ă  un outil clinique gĂ©nĂ©rant des profils Iso-SMAF » systĂšme de mesure de l’autonomie fonctionnelle. Cette Ă©chelle de 1 Ă  14, inventĂ©e au QuĂ©bec, dĂ©termine le type et le nombre d’heures de services Ă  domicile dont la personne peut se prĂ©valoir. Elle sert aussi Ă  Ă©tablir si l’aĂźnĂ© se qualifie pour entrer en CHSLD ou avoir accĂšs aux ressources intermĂ©diaires en thĂ©orie, il faut un Iso-SMAF d’au moins 10 pour y accĂ©der. L’ennui, c’est que, faute de personnel, les gestionnaires de cas ne s’occupent que des dossiers les plus lourds. Et chaque Ă©tape peut prendre de longs mois. Pendant ce temps, l’état de la personne risque fort de se dĂ©tĂ©riorer, au point qu’elle doive ĂȘtre hospitalisĂ©e et qu’elle perde ainsi encore plus d’autonomie, observe MichĂšle Charpentier. Certains sont en attente chez eux dans des conditions effrayantes. » Au 31 mars 2021, la liste d’attente pour les soins Ă  domicile comptait 41 346 noms, selon les derniĂšres donnĂ©es du MSSS — ce qui inclut toutefois les gens de tous Ăąges requĂ©rant des soins, notamment postopĂ©ratoires ou palliatifs. Parce que les boomers vieillissent, cette liste d’attente s’est allongĂ©e depuis 2018, alors que 33 930 personnes s’y trouvaient. MalgrĂ© tout, le MSSS assure que 38 000 citoyens supplĂ©mentaires ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’aide Ă  la maison au cours des trois derniĂšres annĂ©es — ce qui porte leur nombre Ă  400 000 —, et que cinq millions d’heures de soins et de services ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es. L’embauche de personnel Ă  temps plein affectĂ© aux soins Ă  domicile, dont des travailleurs sociaux et des ergothĂ©rapeutes, a aussi bondi de 38 %. Et ce n’est pas fini 750 millions de dollars seront dĂ©pensĂ©s d’ici cinq ans pour intensifier » l’offre de services, a annoncĂ© Ă  la fin mai le ministre de la SantĂ© Christian DubĂ©. RĂ©jean HĂ©bert voit dans ces investissements un certain rattrapage » aprĂšs les coupes du gouvernement prĂ©cĂ©dent, mais ce n’est pas le PĂ©rou non plus. D’abord, les cinq millions d’heures de services de plus offertes depuis trois ans ne reprĂ©sentent qu’une heure de plus par semaine, par usager. Quant aux 750 millions de dollars sur cinq ans, montant duquel il faut retrancher 175 millions notamment pour hausser les salaires des prĂ©posĂ©s des EÉSAD, cela se traduira par l’équivalent de 287,50 dollars de plus par annĂ©e par aĂźnĂ©, selon ses calculs. Rien pour appeler sa mĂšre. Surtout, l’ancien ministre s’inquiĂšte de ce que l’argent ne profite pas vraiment aux personnes ĂągĂ©es. Une crainte partagĂ©e par d’autres intervenants sur le terrain, qui m’ont racontĂ© avoir rarement vu la couleur des aides gouvernementales en soins Ă  domicile ― du moins, pas Ă  la hauteur de ce qui avait Ă©tĂ© annoncĂ©. RĂ©jean HĂ©bert en a Ă©tĂ© tĂ©moin il y a six ans, quand il est revenu Ă  ses activitĂ©s de chercheur aprĂšs la politique. Son gouvernement avait investi 110 millions de dollars dans les soins Ă  la maison, soit une augmentation de 20 % du budget. Il a donc entrepris de mesurer l’effet que cela avait eu sur les usagers de Sherbrooke. RĂ©sultat zĂ©ro impact. MĂȘme avec quatre millions de plus pour la rĂ©gion de l’Estrie, les visites Ă  la maison avaient diminuĂ© ! Ça veut dire que l’argent avait Ă©tĂ© investi ailleurs. » Et cet ailleurs, c’est gĂ©nĂ©ralement dans les hĂŽpitaux. Ils ont une force centrifuge trĂšs Ă©levĂ©e qui aspire les ressources financiĂšres envoyĂ©es par le MSSS aux CIUSSS et aux CISSS », remarque l’ancienne haute fonctionnaire RenĂ©e Lamontagne. Les urgences dĂ©bordĂ©es, les listes d’attente pour les opĂ©rations et pour les services en oncologie
 Tous ces enjeux entrent en compĂ©tition les uns avec les autres. Et malheureusement, le soutien Ă  domicile aux aĂźnĂ©s, ça ne saigne pas. » *** Ce matin, je rencontre une belle brochette de messieurs, des anges Ă  deux pattes », comme me les prĂ©sente Annie Hovington, directrice gĂ©nĂ©rale des AĂźnĂ©s de JonquiĂšre. Il y a 40 ans, cet organisme sans but lucratif de Saguenay s’est donnĂ© pour objectif de maintenir les personnes ĂągĂ©es Ă  la maison jusqu’à la fin, dans des conditions dĂ©centes et sĂ©curitaires. Et ça marche. L’équipe de 26 employĂ©s, 46 travailleurs autonomes et 212 bĂ©nĂ©voles croule sous les prix et les marques de reconnaissance des familles. Dans le hall d’entrĂ©e du centre communautaire oĂč l’OSBL est installĂ©, les fameux anges s’affairent Ă  placer dans de grands sacs isothermes quelque 200 repas marquĂ©s par des codes de couleur. Ça ne paraĂźt pas, mais on n’est pas laids en dessous de nos masques ! » m’assure AndrĂ© ParĂ© alors que je prends en photo les bĂ©nĂ©voles qui s’en vont livrer des plats chauds Ă  des aĂźnĂ©s des secteurs de JonquiĂšre, Arvida et Lac-KĂ©nogami. Yeux bleu piscine et barbichette blanche, AndrĂ© ParĂ©, 76 ans, vient donner un coup de main aux AĂźnĂ©s de JonquiĂšre tous les jours depuis quatre ans, en Ă©change d’une compensation pour le coĂ»t de l’essence. Quand tu vas porter le repas Ă  la personne ĂągĂ©e et que tu vois son visage content en ouvrant la porte
 TsĂ©, on est souvent sa seule visite de la journĂ©e. Des fois, j’ai envie de pleurer. » Aujourd’hui, au menu fajitas au poulet, saucisses porc et bƓuf, spaghetti, sandwichs variĂ©s, le tout servi avec soupe aux lĂ©gumes et dessert. C’est rare, au QuĂ©bec, une popote roulante qui offre plusieurs options », me souligne Annie Hovington avec fiertĂ©, les talons de ses bottes de cowboy blanches rĂ©sonnant dans la bĂątisse oĂč nous dĂ©ambulons d’un bon pas. Un petit tour aux cuisines pour saluer le chef, Dominique Bolduc, qui fait des miracles depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie — les commandes sont passĂ©es de 30 000 Ă  48 000 repas dans l’annĂ©e. Les AĂźnĂ©s de JonquiĂšre incarne Ă  peu prĂšs tout ce dont rĂȘvent les experts en matiĂšre d’organisation et d’offre en soutien Ă  domicile aux personnes ĂągĂ©es. D’abord, c’est un guichet unique. Quand un de nos 3 000 membres nous appelle, on s’organise pour rĂ©pondre Ă  son besoin dans les 24 heures », assure la directrice gĂ©nĂ©rale. Ce principe s’apparente au systĂšme des pays scandinaves, considĂ©rĂ©s par tous les experts comme le paradis des soins Ă  domicile. ParticuliĂšrement le Danemark. LĂ -bas, chaque aĂźnĂ© Ă  la maison est suivi par un gestionnaire de cas, responsable de s’assurer qu’il reçoit ce qu’il faut en soins et services », explique RenĂ©e Lamontagne, qui y a effectuĂ© une mission d’observation au dĂ©but des annĂ©es 2000, en vue de s’inspirer de ce modĂšle pour la politique quĂ©bĂ©coise. MĂȘme lorsque la personne est hospitalisĂ©e, le gestionnaire veille sur elle sur une base quotidienne, et s’organise pour qu’elle retourne vite Ă  la maison. » Le personnel des AĂźnĂ©s de JonquiĂšre ne va pas jusque-lĂ , mais il traite tout de mĂȘme ses membres aux petits oignons. Ainsi, outre les plats livrĂ©s Ă  la porte, l’organisme offre du transport pour les courses et les rendez-vous mĂ©dicaux, du rĂ©pit et des groupes de soutien pour les proches aidants, de l’entretien mĂ©nager et extĂ©rieur, un service d’appels rĂ©guliers pour s’assurer que les membres vont bien, des travaux de rĂ©paration, des activitĂ©s, des formations, des soupers-spectacles
 Tout ça pour des pinottes ». Les frais d’adhĂ©sion Ă  l’organisme sont de 30 dollars par annĂ©e, et pour le reste, on ne facture que le prix coĂ»tant », prĂ©cise Annie Hovington. Ainsi, un repas livrĂ© chez soi revient Ă  6 dollars, alors que le prix rĂ©el tourne autour de 10 Ă  11 dollars. La moitiĂ© de nos membres vivent sous le seuil de la pauvretĂ©, on ne peut pas leur demander plus. » L’OSBL a aussi l’avantage d’ĂȘtre proche de la population — une caractĂ©ristique souvent encensĂ©e du modĂšle scandinave, oĂč ce sont les municipalitĂ©s qui s’occupent des personnes ĂągĂ©es. Les Ă©tudes prouvent que plus le cadre budgĂ©taire et les instances responsables du soutien Ă  domicile sont prĂšs du terrain, mieux ça va », observe Patrik Marier, de l’UniversitĂ© Concordia. Entre autres parce que les intervenants connaissent les organismes et les entreprises en mesure de fournir des services. En SuĂšde, par exemple, un aĂźnĂ© qui souhaite changer ses rideaux appelle tout simplement Ă  la municipalitĂ©, illustre-t-il. Impossible de faire ça dans nos CIUSSS ! » C’est la mĂšre d’Annie Hovington, Raymonde Clavet, qui a mis sur pied les AĂźnĂ©s de JonquiĂšre en 1980, avec une subvention de 40 000 dollars de QuĂ©bec. La petite dynamo de presque 87 ans se joint Ă  nous pendant la visite, impeccable dans son costume clair et ses souliers dorĂ©s, ses cheveux auburn coiffĂ©s Ă  la Farrah Fawcett. Je roule encore comme une jeune, moi. Je ne suis mĂȘme pas Ă  la retraite ! » Il y a trois ans, elle a laissĂ© la direction de l’organisme Ă  sa fille, mais elle est restĂ©e son adjointe. Raymonde Clavet admet avoir toujours pesĂ© un peu fort sur la pĂ©dale ». Si ce n’était ses quatre enfants, qui se font du sang de punaise, elle habiterait Ă  l’annĂ©e dans un chalet isolĂ© oĂč elle passe dĂ©jĂ  six mois par an, en solo depuis la mort de son beau Evans. Les AĂźnĂ©s de JonquiĂšre s’autofinance Ă  70 % grĂące aux activitĂ©s de sa fondation, aux cotisations des membres et aux revenus de location du centre communautaire, qui appartient Ă  l’organisme ; le reste du budget est puisĂ© dans les coffres du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Depuis 15 ans, on sent davantage son appui, car il a enfin compris le rĂŽle crucial qu’on joue auprĂšs des aĂźnĂ©s », dit Raymonde Clavet, qui a dĂ» se battre Ă  moult reprises pour obtenir des subventions gouvernementales — au point d’en pleurer de dĂ©couragement. Notre modĂšle est tellement centrĂ© sur le public qu’on passe Ă  cĂŽtĂ© de tout un Ă©cosystĂšme d’acteurs compĂ©tents qui crĂ©erait un dynamisme. »Philippe Voyer, expert en soins infirmiers gĂ©riatriques MĂšre et fille trouvent tout de mĂȘme aberrant qu’il faille dĂ©ployer une Ă©nergie folle dans des activitĂ©s de financement pour Ă©ponger les dĂ©ficits. Je comprends que les CIUSSS veuillent garder le contrĂŽle des fonds publics, mais les besoins sont criants, et notre organisme dĂ©montre depuis longtemps son professionnalisme, dit Annie Hovington. On nous promet toujours plus d’argent, mais ça ressemble Ă  des vƓux pieux. » Cette rĂ©sistance de l’État en ce qui a trait aux initiatives hors normes dĂ©sespĂšre Philippe Voyer, expert en soins infirmiers gĂ©riatriques et professeur Ă  la FacultĂ© des sciences infirmiĂšres de l’UniversitĂ© Laval. Le tsunami gris est Ă  nos portes. Va-t-il falloir ĂȘtre accotĂ© au mur pour explorer enfin d’autres modĂšles ? » Il donne l’exemple des aĂźnĂ©s atteints de la maladie d’Alzheimer et de leurs proches, un sujet qu’il a Ă©tudiĂ© Ă  fond. Les centres de jour et les services de gardiennage sont essentiels pour permettre le maintien Ă  domicile, car cette maladie est Ă©prouvante pour la famille. Sans ces pauses salvatrices, les aidants naturels finissent souvent par s’épuiser et n’ont pas d’autre choix que d’envisager l’hĂ©bergement dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ©. Or, l’offre de services de rĂ©pit est insuffisante au public et les listes d’attente ne cessent de s’allonger, dit le chercheur. Pendant ce temps, les Maisons Gilles-Carle et les SociĂ©tĂ©s Alzheimer, menĂ©es par des gestionnaires chevronnĂ©s qui offrent des services Ă  des coĂ»ts bien infĂ©rieurs Ă  ceux du gouvernement, ont les deux bras dans les airs “Aidez-nous Ă  vous aider, on a l’expertise, mais on manque d’argent !” » HĂ©las, le recours au privĂ© et au communautaire en santĂ© est tabou au QuĂ©bec, regrette Philippe Voyer. Notre modĂšle est tellement centrĂ© sur le public qu’on passe Ă  cĂŽtĂ© de tout un Ă©cosystĂšme d’acteurs compĂ©tents qui crĂ©erait un dynamisme. » *** C’est aussi l’avis de Pierre-Carl Michaud, titulaire de la Chaire de recherche sur les enjeux Ă©conomiques intergĂ©nĂ©rationnels. D’ici 30 ans, le nombre de personnes de 65 ans et plus en perte d’autonomie va doubler », affirme le professeur Ă  HEC MontrĂ©al, qui plaide pour un virage majeur vers le maintien des aĂźnĂ©s Ă  la maison. Le MSSS ne fournira pas, ça va prendre des partenaires. » Avec des collĂšgues de la Chaire, il a fait et refait des calculs depuis un an. Conclusion le statu quo est intenable. Non seulement on aura de mauvais services, mais ça va nous coĂ»ter trĂšs, trĂšs cher », dit Pierre-Carl Michaud. De l’avis des experts, qui ont fait paraĂźtre deux rapports cette annĂ©e, si l’État continue d’investir le plus gros du budget des soins de longue durĂ©e dans des places en milieux d’hĂ©bergement, la facture annuelle grimpera Ă  25 milliards de dollars, voire Ă  33 milliards. En misant davantage sur le soutien Ă  domicile, on ramĂšnerait l’addition Ă  18 milliards de dollars par annĂ©e en 2050 », affirme l’ancien ministre RĂ©jean HĂ©bert, qui a participĂ© aux travaux de la Chaire. Entre autres parce que le maintien Ă  domicile est moins dispendieux qu’une place en foyer pour personnes ĂągĂ©es, sauf Ă  partir du moment oĂč la personne est en Ă©tat de grande dĂ©pendance et nĂ©cessite une attention soutenue soit des profils de 10 Ă  14 sur l’échelle Iso-SMAF. D’aprĂšs les auteurs, de 20 % Ă  30 % des lits en CHSLD et en ressources intermĂ©diaires et de type familial sont prĂ©sentement occupĂ©s par des gens qui auraient pu rester Ă  la maison si le soutien Ă  domicile avait Ă©tĂ© plus gĂ©nĂ©reux. Leurs profils Iso-SMAF se situent de 4 Ă  9, ce qui correspond Ă  une perte d’autonomie modĂ©rĂ©e. Prenons Georgette, qui a besoin d’aide pour se dĂ©placer, qui dĂ©pend des autres pour prĂ©parer les repas, faire la lessive et les courses, et qui ne peut aller aux toilettes, se laver et s’habiller sans supervision. Ce profil correspond Ă  peu prĂšs Ă  un Iso-SMAF de 6. Si Georgette va vivre en CHSLD, il en coĂ»tera 80 720 dollars Ă  l’État pour s’occuper d’elle — la facture totale est de 100 900 dollars, mais elle devra en acquitter 20 %. Si Georgette reste chez elle et que le public prend en charge la moitiĂ© de ses besoins en soutien Ă  domicile — actuellement, il n’en couvre que 10 % —, l’État dĂ©boursera 27 000 dollars en allocations, selon l’évaluation de la Chaire aucun État, mĂȘme le gĂ©nĂ©reux Danemark, ne paie Ă  100 % les frais de subsistance d’un aĂźnĂ©. Les Ă©conomies seraient substantielles, d’autant que ce virage permettrait de freiner la construction de places en CHSLD, estimĂ©e Ă  362 500 dollars par porte on parle ici de CHSLD ordinaires », et non des maisons des aĂźnĂ©s, dont le coĂ»t est bien plus Ă©levĂ© ― le gouvernement prĂ©voit en bĂątir 46, pour un investissement total de 2,4 milliards de dollars. Si on n’amĂ©liore pas le soutien Ă  domicile, on aura besoin de 40 000 nouvelles chambres en foyer de soins d’ici 20 ans, jugent les chercheurs. Ces derniers proposent aussi d’instaurer l’ assurance autonomie » — le projet de loi pour lequel RĂ©jean HĂ©bert avait fait campagne. En gros, il s’agit de verser aux personnes ĂągĂ©es une allocation pour acheter des services, dĂ©terminĂ©e en fonction des besoins correspondant Ă  leur profil Iso-SMAF. La gestion du compte serait confiĂ©e Ă  la RAMQ, qui est dĂ©jĂ  Ă©quipĂ©e pour rembourser des prestataires de services. L’aĂźnĂ© aurait le choix desdits prestataires organisme communautaire, EÉSAD, entreprise privĂ©e, CLSC. Tous les partenaires certifiĂ©s seraient regroupĂ©s sous un mĂȘme site Web, avec leurs coordonnĂ©es. On a dĂ©jĂ  tous les outils, ce ne serait mĂȘme pas une rĂ©volution », insiste RĂ©jean HĂ©bert. Reste Ă  convaincre le gouvernement. L’argument toujours invoquĂ© par les politiciens, c’est que le soutien Ă  domicile serait un gouffre sans fond. C’est vrai que ça coĂ»terait cher, mais l’État pourrait rĂ©cupĂ©rer des sommes en corrigeant certaines iniquitĂ©s. » RĂ©jean HĂ©bert estime que le gouvernement finance de maniĂšre indue l’hĂ©bergement en CHSLD et en ressources intermĂ©diaires, par exemple. Dans ces Ă©tablissements, l’usager n’absorbe que 20 % des frais totaux pour les soins, la chambre et la pension. Pendant ce temps, la personne ĂągĂ©e Ă  la maison paie pour son logement et sa nourriture, tout en ne recevant que des grenailles en soutien Ă  domicile. Il faudrait augmenter la part payĂ©e par les personnes en foyer de soins pour attĂ©nuer cette injustice. » Par ailleurs, comme d’autres experts, le gĂ©riatre dĂ©plore ce qu’il appelle une subvention dĂ©guisĂ©e Ă  l’industrie ». Les grands groupes de rĂ©sidences privĂ©es pour aĂźnĂ©s connaissent un succĂšs fou au QuĂ©bec — 18,4 % des personnes ĂągĂ©es de plus de 75 ans y vivent, contre 6,1 % ailleurs au Canada. Cette popularitĂ© est en partie attribuable Ă  l’accĂšs facile Ă  des services, Ă  condition d’allonger les billets buanderie, soins mĂ©dicaux, repas, etc. Mais surtout, dĂšs 70 ans, les rĂ©sidants profitent de gĂ©nĂ©reux avantages fiscaux grĂące au crĂ©dit d’impĂŽt pour maintien Ă  domicile CMD, lequel leur permet de rĂ©duire pas mal le coĂ»t du loyer — c’est d’ailleurs l’un des arguments de vente des RPA. Bien sĂ»r, les aĂźnĂ©s hors rĂ©sidence ont aussi droit au CMD, qui consiste en un remboursement de 35 % qui sera majorĂ© Ă  40 % d’ici 2026 des sommes dĂ©pensĂ©es pour des tĂąches devenues trop difficiles pour eux dĂ©neiger l’entrĂ©e, entretenir la pelouse, prĂ©parer des repas, etc. Sauf qu’ils en profitent littĂ©ralement 10 fois moins que les locataires des RPA, selon une Ă©tude Ă  paraĂźtre de Luc Godbout, titulaire de la Chaire de recherche en fiscalitĂ© et en finances publiques de l’UniversitĂ© de Sherbrooke. Ainsi, sur les 569,3 millions de dollars versĂ©s par le gouvernement pour le CMD en 2019, 83 % sont retournĂ©s dans les poches des rĂ©sidants des RPA, contre 17 % dans celles des personnes ĂągĂ©es vivant dans un domicile privĂ©, indiquent des donnĂ©es fournies par le ministĂšre des Finances. Cet Ă©cart spectaculaire est entre autres dĂ» au fait que les RPA remplissent gĂ©nĂ©ralement la paperasse nĂ©cessaire Ă  l’obtention du CMD Ă  la place des rĂ©sidants — tandis que bien des aĂźnĂ©s Ă  la maison ne connaissent mĂȘme pas l’existence de ce crĂ©dit ou jugent qu’il est trop compliquĂ© de s’en prĂ©valoir, selon plusieurs sources consultĂ©es. De plus, les locataires des RPA peuvent rĂ©clamer 15 % de leur loyer, soit au minimum 150 dollars par mois, alors que les gens hors rĂ©sidence n’ont droit qu’à 5 % le maximum mensuel Ă©tait fixĂ© Ă  30 dollars, mais il passera Ă  60 dollars en 2022. Et ce n’est pas fini. Certaines dĂ©penses admissibles Ă  partir de 70 ans, peu importe oĂč on habite — entretien mĂ©nager, repas et soins personnels, par exemple —, sont incluses dans le coĂ»t du logement en RPA, en vertu des arrangements pris lors de la signature du bail. Les aĂźnĂ©s Ă  la maison, eux, ne se prĂ©valent pas automatiquement de tous ces services. Ce deux poids, deux mesures encourage les gens Ă  choisir de vivre en RPA, avec la complicitĂ© de l’État, et c’est l’industrie qui en sort gagnante au final », estime le Dr RĂ©jean HĂ©bert. *** Des veuves plongĂ©es dans la plus grande solitude, croupissant dans des taudis insalubres et dangereux. Des vieillards qui n’osent plus sortir de leur maison parce qu’ils sont devenus incontinents. D’autres avec la peau sur les os, trop pauvres ou dĂ©sorganisĂ©s pour remplir leur frigo. En 27 ans de recherche sur le terrain, la gĂ©rontologue MichĂšle Charpentier en a vu des vertes et des pas mĂ»res, comme l’illustre le dernier rapport de la chaire qu’elle dirige, Vieillir et vivre seul-e Comprendre la diversitĂ© des expĂ©riences pour mieux intervenir. Et cette expĂ©rience l’a convaincue qu’un virage abrupt vers les soins Ă  domicile serait irresponsable, mĂȘme si elle se dĂ©sole du retard du QuĂ©bec en la matiĂšre. Ça fait bien notre affaire, comme sociĂ©tĂ©, de penser qu’en mettant toutes nos billes d’un bord, on vient de rĂ©gler le problĂšme, dĂ©nonce-t-elle. Mais c’est ignorer la rĂ©alitĂ© de bien des gens, pour qui le choix de vieillir chez eux n’est pas la meilleure option. » Les aĂźnĂ©s ne forment pas un bloc homogĂšne, et le vieil Ăąge est une pĂ©riode de la vie oĂč tout peut basculer du jour au lendemain, Ă  la suite du dĂ©cĂšs d’un conjoint ou en raison d’une maladie fulgurante. Ça prend toute une palette de solutions, dont des CHSLD, des rĂ©sidences et des coopĂ©ratives d’habitation, pour rĂ©pondre Ă  leurs besoins fluctuants. » J’ai moi-mĂȘme Ă©tĂ© frappĂ©e, Ă  la suite d’un appel de tĂ©moignages dans des associations de retraitĂ©s, par la diversitĂ© des trajectoires de vie et des dĂ©sirs. La plupart du temps trĂšs Ă©loignĂ©s de l’histoire de ma grand-mĂšre, d’ailleurs peu d’aĂźnĂ©s interviewĂ©s avaient envie d’ĂȘtre pris en charge par leurs enfants, mĂȘme s’ils les adorent — un constat confirmĂ© par les travaux de MichĂšle Charpentier. Parce qu’ils auraient l’impression d’ĂȘtre un fardeau, parce qu’ils craignent que la vie sous le mĂȘme toit engendre des tensions, ou parce qu’ils souhaitent conserver une certaine indĂ©pendance par rapport Ă  leur progĂ©niture. C’est notamment le cas d’Édith Arsenault, 82 ans, qui venait tout juste d’emmĂ©nager dans une luxueuse rĂ©sidence privĂ©e pour aĂźnĂ©s de Laval lorsqu’elle m’a contactĂ©e, en juin dernier. Il y a trois ans, l’un de ses fils lui a offert de louer le haut de son duplex. Mais elle a refusĂ©, car cette proximitĂ© familiale ne lui aurait pas convenu. Jusqu’au printemps, l’ex-conseillĂšre pĂ©dagogique vivait en solo dans un havre de paix », un bungalow rĂ©novĂ© de ses mains Ă  l’üle Saint-Jean, Ă  quelques minutes Ă  pied du Vieux-Terrebonne. Je m’étais appropriĂ© cet endroit, je disais mĂȘme que c’était mon Ăźle », m’a-t-elle racontĂ©, Ă©mue. Elle avait d’ailleurs pris tous les moyens pour y habiter jusqu’à son dernier souffle. Mais l’interminable isolement imposĂ© par la crise sanitaire l’a amenĂ©e Ă  revoir ses plans. Pendant le confinement, j’ai glissĂ© dans une sorte de torpeur et j’ai pensĂ© qu’un dĂ©mĂ©nagement me fouetterait. » Quand nous nous sommes parlĂ©, elle apprenait » Ă  aimer son nouvel environnement. Elle s’était inscrite Ă  des activitĂ©s de marche et de théùtre, et songeait Ă  lancer un club d’échecs. Claire Vanasse, une infirmiĂšre Ă  la retraite de 75 ans aux lunettes mauves excentriques, ne souhaite pas non plus finir ses jours chez son fils. Les enfants, c’est bien beau, mais il n’y a rien comme les frĂšres et les sƓurs pour s’entraider », m’a-t-elle dit au printemps, alors qu’elle s’apprĂȘtait Ă  quitter sa rĂ©sidence privĂ©e pour aĂźnĂ©s du quartier Rosemont, Ă  MontrĂ©al, afin de rejoindre sa fratrie Ă  Trois-RiviĂšres. J’ai choisi un condo Ă  15 minutes Ă  pied de chez ma sƓur et prĂšs des services. J’ai eu une opĂ©ration aux genoux, je vais pouvoir faire aller mes pentures neuves! » Claire Vanasse s’entend Ă  merveille avec son garçon et ses deux petits-fils. Mais ils ont leur vie. Les enfants ont maintenant leurs amis, et jouer avec grand-maman, c’est moins winner qu’avant. J’ai envie de vieillir auprĂšs des gens avec qui j’ai un long vĂ©cu en commun. Moi aussi, je veux ĂȘtre avec mes amis ! » Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on perd sa capacitĂ© d’adaptation », fait remarquer MichĂšle Charpentier. On prĂ©conise souvent la stabilitĂ© rĂ©sidentielle pour les aĂźnĂ©s, Ă  cause du stress du dĂ©mĂ©nagement, mais il ne faut pas non plus sous-estimer leurs ressources intĂ©rieures, leur aptitude Ă  se reconstruire des repĂšres, insiste-t-elle. Il y a plein de gens qui vieillissent bien, et ce, dans tous les types de milieux de vie. » Y compris dans les CHSLD, qui ont pourtant si mauvaise presse. Bien sĂ»r, personne ne rĂȘve d’y finir ses jours. Ces lieux inspirent une aversion qui remonte probablement Ă  la fondation des premiers hĂŽpitaux par les communautĂ©s religieuses au XVIIe siĂšcle, explique Aline Charles, spĂ©cialiste de l’histoire de la vieillesse et professeure Ă  l’UniversitĂ© Laval. À l’époque, on n’allait pas Ă  l’hĂŽpital pour se faire soigner ; l’établissement hospitalier servait surtout Ă  accueillir des vieillards pauvres et esseulĂ©s, ainsi que des infirmes et des orphelins. » C’était l’endroit vers oĂč convergeaient toutes les misĂšres du monde, et auquel personne ne voulait ĂȘtre associĂ©. La hantise du CHSLD est telle que des aĂźnĂ©s rencontrĂ©s au cours du reportage m’ont confiĂ© qu’ils allaient demander l’aide mĂ©dicale Ă  mourir s’ils deviennent trop malades pour vivre dans leur maison. C’est notamment le cas de Pierrette Fortin, 88 ans, avec qui j’ai discutĂ© toute une matinĂ©e sur sa balançoire, dans le quartier d’Arvida. Pour l’instant, la belle blonde au rire aigu comme celui d’une petite fille est pĂ©tante de santĂ©. Je prends juste de la vitamine C ! » Mais le jour oĂč sa santĂ© se gĂątera, pas question d’ĂȘtre placĂ©e ». Pour elle, ce n’est pas une vie. Je vais m’organiser pour partir avant. » Jean-Paul Dufour ne veut rien savoir non plus de quitter son cottage du secteur de KĂ©nogami, Ă  Saguenay, oĂč il a Ă©levĂ© ses sept filles avec BĂ©atrice, morte l’an passĂ©. Voulez-vous la voir ? » Le taquin de 96 ans, dont le passe-temps prĂ©fĂ©rĂ© est de trouver des menteries » Ă  raconter Ă  ses hĂ©ritiĂšres au tĂ©lĂ©phone, entre deux cigares et un p’tit gin », s’empresse d’aller chercher l’album de son 70e anniversaire de mariage. Il avait rencontrĂ© sa douce dans un restaurant Ă  son retour du front, en 1945. Je me suis enrĂŽlĂ© sur un coup de tĂȘte, sans mĂȘme avertir mes parents, aprĂšs avoir vu un film de guerre au théùtre ! » raconte le vĂ©tĂ©ran, qui a Ă©tĂ© capturĂ© par les Allemands lors du dĂ©barquement de Normandie. MalgrĂ© son amour pour BĂ©atrice, il a refusĂ© de la suivre lorsqu’elle a dĂ©cidĂ©, en 2019, d’aller vivre en rĂ©sidence privĂ©e pour aĂźnĂ©s, attirĂ©e par la vie comme Ă  l’hĂŽtel » que promettait l’établissement. Les RPA, les CHSLD, non merci. Je me sentirais enfermĂ© comme un prisonnier. » Il faut dire que ses filles le chouchoutent, et ses voisins aussi. Et puis, dans sa tĂȘte, il ne sera jamais assez vieux et malade pour aboutir lĂ . La gĂ©riatre Marie-Jeanne Kergoat n’est pas surprise quand je lui rapporte ces rĂ©actions lors d’une rencontre Ă  l’Institut universitaire de gĂ©riatrie de MontrĂ©al, oĂč elle est chef du DĂ©partement de mĂ©decine spĂ©cialisĂ©e. Il y a quelques annĂ©es, un couple qu’elle suivait s’est suicidĂ© parce que le mari devait ĂȘtre hĂ©bergĂ© en foyer de soins de maniĂšre temporaire. Au fond, ce qui effraie les gens n’est pas tant le CHSLD que la dĂ©tĂ©rioration du corps et de l’esprit, dit-elle. Ils anticipent leur dĂ©crĂ©pitude. » Quand on parle du “choix” des aĂźnĂ©s de vieillir Ă  domicile, il faut aussi tenir compte de ce que ça implique pour la famille. Le patient n’est pas seul dans ce processus, il y a tout un Ă©cosystĂšme autour. »AndrĂ©anne Moreau, cogestionnaire mĂ©dicale des soins de longue durĂ©e Ă  l’Institut de gĂ©riatrie de MontrĂ©alÀ l’instar de MichĂšle Charpentier, la Dre Kergoat chante une chanson un peu diffĂ©rente de celle des tenants du virage soutien Ă  domicile ». Si elle est pour une hausse des investissements dans ce secteur — elle-mĂȘme a prodiguĂ© des soins Ă  la maison au dĂ©but de sa pratique, il y a 35 ans —, elle doute qu’on puisse miser lĂ -dessus au dĂ©triment de la construction de nouveaux CHSLD. Comme l’espĂ©rance de vie a augmentĂ© de façon draconienne, un nombre croissant de boomers vont atteindre le grand Ăąge, celui oĂč on prĂ©sente les plus graves incapacitĂ©s. Et pour eux, le maintien Ă  domicile sera trĂšs difficile. Alors ça va prendre plus de places en Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s. » La grande majoritĂ© des rĂ©sidants de l’unitĂ© de soins de longue durĂ©e de l’Institut de gĂ©riatrie et du CHSLD Alfred-Desrochers, qui font partie du mĂȘme CIUSSS, ont des troubles physiques et cognitifs si graves qu’ils ne peuvent Ă  peu prĂšs rien faire sans assistance. Beaucoup doivent ĂȘtre nourris par le personnel soignant, et dĂ©placĂ©s au levier sur rails pour passer du lit au fauteuil roulant. À la fin, ils sont alitĂ©s en permanence. Certains auraient pu continuer Ă  vivre chez eux si l’offre de soutien Ă  domicile avait Ă©tĂ© meilleure, mais je ne croule pas sous les exemples », m’explique la Dre AndrĂ©anne Moreau, une collĂšgue de Marie-Jeanne Kergoat, qui s’est jointe Ă  la discussion dans la salle de repos des employĂ©s. Pour les autres, il faudrait assurer la prĂ©sence d’une infirmiĂšre 24 heures sur 24 Ă  la maison, ce qui entraĂźnerait des coĂ»ts de sociĂ©tĂ© Ă©normes. Chez un patient, la prĂ©posĂ©e ne peut s’occuper que d’une personne, alors qu’ici, en Ă©tablissement spĂ©cialisĂ©, elle veille sur plusieurs rĂ©sidants Ă  la fois. » Certes, il y a du chemin Ă  faire pour amĂ©liorer la qualitĂ© des milieux d’hĂ©bergement, observent les deux soignantes, qui rĂȘvent d’un lieu qui ressemblerait davantage Ă  un chez-soi. Comme ces Ă©tablissements pour aĂźnĂ©s que Marie-Jeanne Kergoat a visitĂ©s il y a quelques annĂ©es, Ă  Mulhouse, en France. Une odeur de confiture frappait le visiteur Ă  l’entrĂ©e. Et il y avait des chats. Ici, on trouverait ça Ă©pouvantable, des chats dans un CHSLD ! De temps en temps, il y en avait un qui grimpait sur le lit d’un vieillard. On avait l’impression d’ĂȘtre Ă  la maison, et non Ă  l’hĂŽpital. » Cela dit, les aĂźnĂ©s s’adaptent mieux qu’on ne le pense Ă  la vie en foyer de soins, assure AndrĂ©anne Moreau, cogestionnaire mĂ©dicale des soins de longue durĂ©e Ă  l’Institut de gĂ©riatrie. Elle me montre les photos qu’une consƓur vient de lui envoyer. Regarde, ce midi, le personnel a organisĂ© un barbecue pour les rĂ©sidants. C’est vraiment cool ! La semaine passĂ©e, je suis allĂ©e leur acheter des smoothies ; ils Ă©taient tellement contents. » La plupart des rĂ©sidants ont entamĂ© il y a longtemps le deuil de leur vie d’autrefois. Leurs fonctions ont diminuĂ© petit Ă  petit, au fil des ans, et ils ont acceptĂ© l’inĂ©luctable. Elle cite en exemple l’une de ses protĂ©gĂ©es, dont le plus grand bonheur est de manger des biscuits Whippet et Feuille d’érable devant la tĂ©lĂ©vision. Quand on regarde ça Ă  travers nos lunettes de 45 ans, on trouve ça terrible. Sauf que la joie au quotidien est une question trĂšs relative. Les besoins ne sont plus les mĂȘmes Ă  la fin, c’est ce que le monde a souvent du mal Ă  comprendre. » Ce sont les proches qui souffrent le plus du dĂ©mĂ©nagement en CHSLD, insiste la Dre Moreau, car ils se sentent immensĂ©ment coupables. HĂ©las, ils Ă©taient au bout du rouleau et la situation n’était plus sĂ©curitaire pour personne. Quand on parle du “choix” des aĂźnĂ©s de vieillir Ă  domicile, il faut aussi tenir compte de ce que ça implique pour la famille. Le patient n’est pas seul dans ce processus, il y a tout un Ă©cosystĂšme autour. » Chez nous, la question ne s’est jamais posĂ©e ouvertement. Il allait de soi », m’a dit mon oncle GĂ©rald, que ma grand-mĂšre Charlotte allait vieillir dans son petit paradis Ă  Rigaud, oĂč ça sent toujours le pain de mĂ©nage en train de lever dans le four et parfois les beignes aux patates, un divin pĂ©chĂ©. Mon grand-pĂšre Ronald a aussi Ă©tĂ© pris en charge par la famille pendant sa longue agonie, ainsi que mes arriĂšre-grands-parents avant lui. Je crains nĂ©anmoins que nous ne puissions donner, mes sƓurs et moi, les mĂȘmes conditions idylliques Ă  mes parents. Sans une offre publique de soutien Ă  domicile plus gĂ©nĂ©reuse et mieux organisĂ©e, comment les entourer de tendres soins tout en poursuivant nos jobs prenants et nos vies familiales ? Pour l’instant, mes parents sont de beaux aĂźnĂ©s de 72 ans en santĂ© et bien occupĂ©s, et ces enjeux nous paraissent loin, loin, loin. Mais je sais que le temps nous rattrapera plus vite que nous ne le pensons. C’est hier que je suivais ma grand-mĂšre Charlotte en galopant sur le chemin de terre jusqu’à la voie ferrĂ©e, et qu’elle me tressait des couronnes avec de la vesce jargeau. Je goĂ»te encore les toasts au miel qu’elle nous prĂ©parait tard le soir sur le poĂȘle Ă  bois, au milieu de discussions sans fin. Elle est arrivĂ©e au bout de sa route sans que je m’en rende compte, et elle non plus ne l’a pas vu venir, m’a-t-elle dit derniĂšrement alors que j’étais dĂ©barquĂ©e chez elle pour jaser de finitude. Qu’est-ce que tu vas faire si ton Ă©tat se dĂ©grade au point que tes enfants ne peuvent plus s’occuper de toi ? Vas-tu accepter d’aller en CHSLD ? » Ma pauvre grand-mĂšre venait de se rĂ©veiller d’une petite sieste d’aprĂšs-midi, peinarde. Mon interrogatoire l’a sonnĂ©e. Ben
 Qu’est-ce que tu veux dire par “dĂ©gradation” ? Sais-tu, je n’ai jamais pensĂ© Ă  ça. Mais il faudrait peut-ĂȘtre, hein ? » Elle Ă©clate d’un rire guilleret. La lumiĂšre dans ses yeux est la mĂȘme que sur cette photo d’elle que j’aime tant, Ă  20 ans. Dans son esprit, les grandes incapacitĂ©s, c’est pour les autres, ou alors ce sera dans trĂšs longtemps. Est-ce que ça lui fait peur, ce qui s’en vient ? La mort ne m’effraie plus. Mais je n’ai tellement pas le goĂ»t de vous quitter. »

la maison ne fait pas credit humour